Dans Lourdes, on les reconnaît à leurs pulls gris, floqués du mot «Ecoute» dans le dos. Quinze adultes, âgés de 29 à 80 ans, sont au service de la parole du jeune pendant le Frat.
Cette commission a été créée en 2000 par le père Pierre de Parcevaux, prêtre à Paris et à la tête de la Luciole, une association de soutien aux parents et aux jeunes toxicomanes. A l’origine, l’objectif était principalement de «mettre à leur disposition des adultes pour les entendre sur les questions de toxicomanie», précise Virginie, médecin et responsable des «pulls gris» pour le Frat de Lourdes.
Confidentialité et liberté
Au fil du temps, leurs missions ont évolué, toujours centrées sur l’écoute. «Les jeunes ont besoin de parler aux adultes», poursuit Virginie. Au Frat, ils peuvent compter sur les prêtres et leurs animateurs. Et ces quinze écoutants, laïcs, auprès de qui l’anonymat est garanti.
La discrétion qu’ils promettent peut parfois être mise à l’épreuve par les obligations légales. «Tout ce qui tombe sous le coup de la loi, nous devons réagir. Autrement, c’est de la non-assistance à personne en danger. Mis à part ces cas-là, nous respectons la confidentialité et la liberté du jeune à venir nous parler», ajoute Virginie.
Habitués à dénouer les crises
Les situations peuvent être très complexes à démêler. Harcèlement, graves addictions, dépressions… L’équipe est composée de médecin, psychanalyste, infirmières aux compétences médicales reconnues et habitués à gérer des crises.
Au quotidien, l’écoute est celle d’une parole ordinaire d’un adolescent en proie à ses interrogations. Quelle est sa place dans la famille, dans le groupe, avec ses amis? «On nous parle aussi beaucoup de religion. Il y a des interrogations sur les vocations.»
Rôle de médiateur
«On s’aperçoit de plus en plus que les jeunes se posent des questions d’adultes. Ils ont un désir d’exister face à des parents qui n’existent plus forcément par eux-mêmes. On a l’impression que certains jeunes sont parents de leurs parents», relève un «écoutant».
D’autres jeunes évoquent les conflits entre camarades de classe ou d’aumônerie. Les «pulls gris» jouent alors le rôle de médiateur. «Cette écoute active a comme objectif de trouver les mots pour les pousser à dire ce qu’ils ont au fond du cœur.»
Un rôle indispensable au Frat pour donner de la profondeur au pèlerinage des jeunes…
W. M.